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La Perte du domaine

Sources principales: A.D. Hautes-Alpes, Réf. F71 à F74, extraite de la liasse fond Andréoly, pièces de procédures: titres de propriété, comptes, correspondances, procès de la famille PLANCHETTE de Piégon 1685-1773.

Les causes seront attribuées à plusieurs générations. Durant la période des guerres de religions, des mariages avec des puissantes familles protestantes engendrèrent des discordes entre frères et sœurs, principalement avec la fille aînée du second mariage de François avec Catherine de Pierre. Leur fille Marguerite se mariera avec Richard de Seguins, Antoine de Montauban et à Pierre Marcel, qui seront les procureurs de ses biens. Elle héritera aussi de la part de Dauphine sa demi-sœur, fille du premier mariage de François avec Marguerite Penchinat, elle fera de Marguerite sa légataire. Marguerite fera un testament et lèguera à Jean de Seguins fils du second mariage avec Richard de Seguins, à Isabelle et Lucrèce de Montauban filles d’Antoine de Montauban, et à Judith Marcel issue du quatrième mariage, tous ses biens qu’elle possédait dans le mandement de Piégon. A chacun un quart à condition que Jean de Seguins reçoive la part de Piégon qu’elle avait acquis de Dauphine sa demi-sœur. C’est ainsi que Piégon fût divisé entre ses divers enfants. Cela nécessita un accord de famille laborieux. Les autres enfants de François vendirent leurs parts à quelques riches voisins, notamment à Louis d'Agoult, mais une bonne partie de l'héritage restera dans la branche aînée.

Après la division faite, entre les enfants de François de Planchette, la branche aînée gérera durant plusieurs siècles le reste du domaine de Piégon. Les guerres de religions affaibliront l'héritage en commençant par celui de Scipion héritier du titre universel, dont en voici l’histoire.

Louis d'Agoult chef du parti de la religion protestante avait recueilli l'entière succession de la maison d'Autane, par sa mère Jeanne d'Autane ce qu'il le rendit très puissant dans le Dauphiné. Chef de la religion prétendue réformée. Il cru qu'il pourrait se rendre maître de l'entière terre de Piégon en opprimant le dit Scipion qui était catholique. Il commença son usurpation par une prétendue acquisition qu'il fit auprès de César et Annibal Planchette frères de Scipion, auxquels il acheta à son vif prix quelques biens, immeubles que Scipion leur avait bâillé pour le payement de leurs droits. Mais le refus que Louis d'Agoult fît de payer à ses vendeurs tout ce qu'il avait promis, et qui ne cherchait qu'un prétexte pour ce défaire de César dont-il désirait les biens. Il supposa et fit entendre à ceux de son parti que c'était César et Annibal Planchette qui auraient tenu la main à le faire prisonnier de guerre et à le faire conduire dans le camp du Roi dont-il disait s'être tiré moyennant certaines rançons. Mais la vengeance du prétendu affront fût porté à un tel point de cruauté que Louis d'Agoult ne se contenta pas de faire assassiner ces deux frères en un même jour par des soldats de sa garnison qu'il avait fait mettre au château de Piégon dont-il se qualifiait Commandant pour le service de sa majesté. Mais encore s'étant saisi de la personne du dit Scipion, qu'il fit attacher et lier dans le château. Il le mis en prévention devant le vibailly du Buis pour avoir disait-il donné retraite à ses deux frères. A cette procédure le vibailly qui était aussi de la religion prétendue réformée vint instruire dans le château. Il fit si violente injustice que le dit Scipion quoique gentilhomme, seigneur de diverses terres dans le dit baîllage seigneur dominant et majeur du dit d'Agoult, pour un prétendu excès commis dans sa maison, fut jugé dans le château et fut condamné à faire amende honorable et condamné aux galères pour 10 ans comme s'il avait été un criminel de lèse majesté. Ce Juge ordonna encore que le château de Piégon soit rasé outre la confiscation et les amendes et autres condamnations portées par la sentence. En outre, la colère et la rage aveuglèrent si fort le Juge et Louis d’Agoult, que malgré l appel émis par le condamné prés du parlements de Grenoble de la sentence et sans attendre son accord, (pendant que Scipion était prisonnier dans la conciergerie du Palais du dit Grenoble durant le 1e procès, 1ère Instance le 18-02-1592), ils firent raser le château par une entreprise. Scipion PLANCHETTE ayant peu survécu à tant de disgrâces, mourut accablé de misère et d'ennui. Par chance il laissa un enfant nommé Jean-Marie qui par une providence échappa à la fureur des ennemis de sa maison. Ce fils se trouva dépourvu de biens, de crédit et de toutes sortes de secours, il demanda la révision du procès à la Chambre qui ne put lui refuser cette justice signifié par un premier arrêt de l'année 1614. Louis d'Agoult qui avait pillé et saccagé le château de Piégon avait enlevé tous les papiers et tous les meubles qui étaient d'une valeur considérable. Il avait fait démolir et raser une grande partie du château jusqu'aux fondements et utilisa les matériaux pour se rebâtir une bâtisse importante. Louis d'Agoult fut condamné à faire remettre le château dans l'état qu'il était auparavant et a lui payer la valeur des meubles qu'il avait enlevé ou dissipé et à lui restituer les actes, titres et documents dont il s'était saisi. Comme il est écrit dans un des procès de cette famille il y aura beaucoup de compromis entre les d’Agoult et les descendants de Scipion de Planchette jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Toutefois la famille de Planchette ne récupérera pas le domaine de Piégon La famille d’Agout ne reconstruira pas le château et compensera financièrement suite à plusieurs procès la famille de Planchette. Dès la fin du XVIIe siècle la famille d’Agoult très marquée par le protestantisme sera amenée à émigrer en Suisse et en Allemagne. Les d’Agoult continueront à se prétendre co-seigneur de Piégon, alors que les Planchettes issus de François II, fils de François de Planchette et de Marguerite Penchinat, ajoutèrent à leur patronyme le complément de Piégon, qu'ils portèrent jusqu’à la révolution et même après.

 

SOURCES:Sources Archives

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